J'ai eu l'immense chance de pouvoir aller voir 2 pièces du festival du théâtre antique à Syracuse cette année (2015). L'une d'elles étant Les Suppliantes d'Eschyle. Sachant que la pièce serait en italien (dont je ne parle pas un mot), j'ai préféré me rafraîchir la mémoire avant, et ai donc téléchargé l'intégrale des tragédies d'Eschyle, car pourquoi s'arrêter à l'une d'elles seulement ?

C'est du théâtre grec, donc ça monologue beaucoup. Et puis, il n'y a aucune indication d'action, mais le jeu des acteurs se devine très bien à travers les discours. Cependant, traduit par Leconte de Lisle, cela passe très bien, bien que cela soit parfois un peu long par rapport à ce dont on peut avoir l'habitude dans les œuvres plus moderne (j'ai étudié le grec ancien dans mes jeunes années, mais n'ai pas étudié un seul texte grec depuis fort longtemps. Je n'ai donc pas eu le courage de me replonger dans les éditions originales).

J'ai adoré me replonger dans ma mythologie, qui avait bien besoin d'un petit rafraîchissement. Agamemnon par exemple, que j'ai toujours trouvé très hiératique, paraît beaucoup plus humain ici.

Quant aux Suppliantes, il ne se passe absolument rien dans l'histoire, ce n'est que du blabla. On sent que ce n'est que la première installation d'une trilogie. J'étais donc fort curieuse de voir ce que le metteur en scène allait en faire. Eh bien, c'était génial. Il y avait de la danse, des chants, à mi-chemin entre la comédie musicale et l'opéra, les décors, costumes et musiques étaient fantastiques, bref, c'était magnifique. Comme quoi, le théâtre doit être vu.

Cassandre : Je dis que tu verras la mort d'Agamemnon.
Le coryphée : Ah! tais-toi, malheureuse! laisse dormir ta voix!
Cassandre : Nul ne saurait guérir les maux que je prédis.
Le coryphée : S'ils doivent voir le jour ; mais les dieux nous en gardent!
Cassandre : Tu peux faire des voeux : eux préparent le meurtre.
Le coryphée : Quel homme apprête donc ce sacrilège infâme?
Cassandre : Tu t'égares bien loin de mes oracles.
Le coryphée : Je ne vois pas comment s'y prendrait l'assassin.
Cassandre : Pourtant je sais parler la langue de la Grèce.
Le coryphée : Loxias aussi : obscurs pourtant sont ses oracles. - Agamemnon

Ce livre renferme ce qui nous reste des tragédies d'Eschyle (525-456 av. J-C.), le plus ancien des trois tragédiens grecs dont les textes nous sont parvenus. Chaque tragédie est accompagnée d'une mise en contexte pertinente qui nous donne l'information historique et mythologique nécessaire à la compréhension de la pièce, ainsi que d'une courte analyse du propos d'Eschyle et des influences dans sa vie qui l'ont poussé à écrire ces tragédies.

Les Suppliantes raconte la fuite des cinquante Danaïdes, filles de Danaos, d'Égypte vers Argos en Grèce. Elles cherchent à échapper à leur cinquante cousins qui veulent les forcer au mariage. Malheureusement, les pièces subséquentes, qui racontent le meurtre des prétendants par les Danaïdes, sont perdues.

Les Perses raconte la réaction de la mère de Xerxès et de l'ombre de son père Darius, face à la défaite cuisante de Xerxès contre les Grecs à la bataille de Salamine.

Les Sept contre Thèbes raconte le conflit opposant Étéocle et Polynice, les frères d'Antigone, pour le contrôle de Thèbes, suite à la mort d'Oedipe.

Prométhée enchaîné raconte la punition infligé à Prométhée par Zeus suite à son aide aux mortels. Il rencontre Io et lui raconte comment l'hybris de Zeus mènera à sa perte selon une prophétie que seul lui-même détient et qu'il ne révèlera que s'il est libéré.

Orestie est la seule trilogie complète d'Escyle ayant survécu. Elle se déroule avec comme fond la malédiction qui hante la lignée des Atrides suite au crime originel d'Atrée. Agamemnon raconte le meurtre du chef des Grecs à son retour de la guerre de Troie par sa femme Clytemnestre, pour venger le sacrifice de leur fille Iphigénie. Les Choéphores raconte le retour d'Oreste, fils d'Agamemnon, et son alliance avec sa soeur Électre pour punir le crime de leur mère. Dans son dernier souffle, cette dernière maudit Oreste et déchaîne la furie des Érinyes sur son fils pour le crime qu'il a commis. Dans Les Euménides, Oreste cherche à être pardonné pour son crime. La tragédie oppose Apollon, qui a sanctionné le meurtre, et les Érinyes, qui souhaitent venger le sang versé par le parricide d'Oreste. La cause est portée devant Athéna qui compose le premier tribunal d'Athéniens qui devra trancher.

Les suppliantes : 3/5
c'était pas mal :) l'intro un peu longue mais j'aime bien l'idée de ces femmes qui viennent chercher asile pour éviter le mariage

Je suis partagée, mais l'expérience était tout de même agréable !

Les Suppliantes : 3/5
Le chœur est touchant, les chants lyriques particulièrement marquants mais le roi est si énervant que ses dialogues (trop longs) ne résonnent pas.
Les Perses : 2/5
Particulièrement déçue par cette pièce, la deuxième partie est intéressante mais le debut trop long et la fin désolante.
Les sept contre Thèbes : 4/5
Incroyable ! Les catalogues sont magnifiques, les chants très prenants et le drame des fils d'Oedipe dévastateur (positif donc).
Le Promethée enchaîné : 4/5
Même si le chœur est moins présent (étrange en vrai) le personnage de Promethée est très inspirant car carrément brillant, j'ai adoré.
Agamemnon : 3/5
Étrangement comique. Clytemnestre et Atrée sont cependant glaçant et particulièrement efficaces.
Les Choéphores : 2/5
Meh. Le debut est trop prometeur (dialogue entre Electre et Oreste) pour que le reste soit si médiocre.
Les Eumenides : 3/5
Pas mal. Oreste perd de sa brillance mais les divinités sont très intéressantes tout comme les éléments historiques justifiant la "puissance" d'Athènes, une bonne conclusion bien que trop positive étrangement (le retournement des euménides est...particulier).

Malheureusement la brillance de certains textes ne rattrapent pas la fragilité d'autres donc
3/5